Format 16 mm. Eastmancolor
Durée : 85 minutes
Belgique 1973
© Boris Lehman
Image : Michael Sander, Michel Baudour
Son : Jacques Eippers
Montage : Claude Zaccaï
Musique : Philippe Boesmans, Bernard Foccroule
Réalisation et production : Boris Lehman
Interprétation : Charles, Michel, Cécile, Romain, Robert,Maurice, Hilda, Bernard, Anne et Danièle, membres et animatrices du groupe théâtre
Avec la participation de : Etienne Bernard, Joseph Dassy, Paul De Meulemeester, Daniel Devalck, Monique Dorsel, Lyland Doyen, Thérèse Gubisza, Yvon Hendrickx, Robert Kaufmann, Alain Pierre, Gérard Rousseau,François Segura, Henri Storck, Patrick Van Antwerpen, Annette Wauthoz, Frans Wentzel,Serge Zouboff
Le Ministère de la Culture française
Le Gouvernement provincial du Brabant
Le Ministère de la Santé Publique
Le Théâtre Poème
La Fondation Théâtre et Culture
Le Club Antonin Artaud
Laboratoires Meuter Titra
Studio lEquipe
Générique : Setect
Extrait du concerto dAranjuez de Rodrigo et de Thannhäuser de Wagner.
«Mon Légionnaire» de Monnot et Asso est chantée par Marie Dubas.
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Synopsis
Des alpinistes de hasard perdent leur guide en haute montagne. Après avoir enduré la faim, le froid, la tempête et la solitude, ils finissent par découvrir une auberge où, une fois à l'abri, ils font connaissance, parlent de leur passé et de leur futur.
Par la radio, ils apprennent qu'une guerre a éclaté. Rester ou ne pas rester dans cette auberge, telle est la question que se posent alors les protagonistes, sous l'il impassible de l'aubergiste.
Alors que Charles, soutenu par Michel et Romain désirent attendre la fin de la guerre, Cécile tente de les entraîner à partir avec elle. Seul Robert la suivra.
«J'ai voulu exprimer: sortir de la souffrance en passant par une auberge comme passer par le Club, ne pas stagner dans cette auberge ou dans ce Club... pouvoir en sortir et voler de ses propres ailes».(Cécile)
La pièce sans nom créée au départ dimprovisations collectives, n'est en réalité pas du théâtre, ni même de l'anti-théâtre. Ce n'est pas non plus du sociodrame, du psychodrame ou de l'art brut. C'est seulement une création instinctive et ludique qui n'a aucune intention artistique ou culturelle. Elle n'est pas née d'un besoin d'exhibitionnisme mais bien, pour les membres du groupe théâtre qui l'ont inventée, d'un besoin de vivre une vie différente, d'accomplir un acte authentique.
Les acteurs sont ici les auteurs et ceux-ci jouent leur propre personnage. Le théâtre ici c'est la vie-même, où le rêve rejoint la réalité.
La plupart du temps, on joue dos au public, I'anecdote se morcelle en dialogues incohérents et bizarres, la mise en scène semble maladroite ou absente. Car, dans tout cela, le spectateur n'est pas pris en considération. La représentation publique, qui aurait pu ne pas avoir lieu, a simplement déterminé un moment important de l'expérience, la fin de celle-ci.
Le film
Ce film n'est pas un document sur la folie, pas plus qu'une enquête de cinéma-vérité. Sous la forme d'un film de reportage, il est le reflet de l'expérience vécue par le groupe théâtre du Club Antonin Artaud.
Regarder cette expérience comme un fait sensé et signifiant, pénétrer dans ce microcosme sans le déformer par des intentions esthétiques ou des jugements intellectuels et sans faire intervenir des fantasmes d'auteur, I'exhumer et l'exalter en le respectant, tel a été l'objet du film.
Ce film ne veut rien prouver ni même interpréter. ll montre une chose importante, une existence trop souvent ignorée, acceptée seulement par des alibis culturels, scientifiques ou philanthropiques.
Ce film ne montre pas une chose achevée. Il est une ouverture.
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LE CLUB ANTONIN ARTAUD
Né le 10 janvier 1962, à Bruxelles, le Club Antonin Artaud est l'uvre d'anciens malades mentaux réunis après leur hospitalisation. Situé dans une vieille maison en plein cur de la ville, il est un centre de réadaptation sociale et culturelle.
Le théâtre, la peinture, la sculpture, le cinéma, le yoga, les discussions de groupe, etc... y sont utilisés comme moyens thérapeutiques qui facilitent la création et l'échange de relations, fournissent des possibilités de sublimations, des dérivatifs à l'hostilité et à l'agressivité, encouragent les identifications, suscitent la découverte de soi et libèrent l'expression personnelle.
Le Club est essentiellement fréquenté par des isolés sociaux (sans famille) et affectifs (sans relations, sans amis), les uns exerçant une activité professionnelle, d'autres étant pour une période plus ou moins longue en incapacité de travail ou inactifs.
Extraits d'interviews
Robert
Je suis rentré ici dans le groupe théâtre c'était une soirée où il y avait beaucoup de monde, il y avait des types qui avaient une guitare, on se mettait à chanter de vieilles chansons, c'était pas vraiment du théâtre, on s'amusait, on rigolait; ça me plaisait et j'ai continué à venir, je me suis intégré dans le groupe.
Charles
J'ai voulu essayer de faire passer un message de l'acceptation de l'autre, pas un message idéal mais un message humain, c'est-à-dire que je me suis présenté plutôt comme un personnage qui voulait la paix, non une paix de héros mais une paix de type plutôt moche.
Hilda
Dans mon optique à moi, cette aubergiste était une femme un peu bizarre, cette auberge étant elle-même un lieu un peu limitrophe, un peu en dehors du temps et des lieux, comme le purgatoire, comme un no mansland entre la vie et la mort. On ne sait pas très bien ce que c'est et à la fin de la pièce, que je voulais très énigmatique, le spectateur devait se demander s'il assistait à la mort des personnages.
Hilda
Un rôle comme ça c'est intéressant, parce qu'on prend conscience qu'on évolue sur 3 ou 4 mètres carrés, qu'on fait face à un public, qu'on vit tout à coup autrement que les autres gens, que tout à coup, en l'espace d'une demi-heure, trois quart d' heure, ces 3 ou 4 mètres carrés deviennent très importants. C'est un peu comme le prisonnier dans sa cellule qui pendant 20 ans vivra sur un parquet de 3 mètres carrés, et bien toute sa vie se bâtit, se construit sur cet espace.
Romain
Moi j'avais surtout une impression de bonheur en jouant, une impression de sortir de ma peau, d'oublier ma vie quotidienne et de vivre une espèce de féerie, de courte féerie.
Robert
C'est un peu bizarre dans la pièce qu'il y a un peu de tout à manger dans le restaurant, mais malgré tout, on ne mange que du spaghetti, et on a tout à boire et on ne boit que du chianti; et ce qui est aussi bizarre c'est que chacun reste très près de sa personnalité, qu'il y a souvent des dialogues de sourd.
Danielle
Tu veux dire que vous n'êtes pas toujours perméables à ce que dit l'autre.
Romain
Ça je ne trouve pas, je trouve qu'on communique très bien dans cette pièce, ce que l'on ressent.
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