16 mm - couleur durée: 75 min.
fiction autobiographique
Belgique Suisse 1990
Scénario et réalisation: Boris Lehman
Assistante à la réalisation: Nora Delgado
Ìmage: Patrice Cologne, Aldo Mugnier, Antoine-Marie Meert
Son: Laurent Barbey, Martin Stricker, Henri Morelle
Montage: Daniel Devalck
Assistant au montage: Olivier Moekli
Montage négatif: Huguette Vanvolsem
Mixage: Thierry Delor
Coproduction: Dovfilm (Bruxelles) Amidon-Paterson film (Genève), CBA, LA SEPT
Avec laide du Fonds télévisuel du Ministère de la Communauté française de Belgique, de lAtelier des Jeunes Cinéastes, de la Fondation Vaudoise pour le cinéma, de la ville de Genève, de lEcole Supérieure des Arts Visuels à Genève, et de la Cinémathèque Suisse
Interprétation: Alain Blum, Simon Bohler, Freddy Buache, Paulette Cyngiser, Lionel El Kaïm, Tito Fiero, Pierre Izard, Zalek Kalb-Beller, Christiane Kolla, Hélène Lapiower, Marie Christine Marville, Gaston Pillet, Jozy Potasznik, Jacques Romain, Dominique Scheder , Georges Vadnaï, Barbara Vogt
BORIS LEHMAN LE CINEMA QUI DIT "JE"
Existe-t-il aujourd hui un cinéma qui filme à la première personne? Dans une production qui se conforme inexorablement au modèle standardisé améncain, les uvres qui osent la subjectivité, dans l'écriture et la thématique, se font de plus en plus rares. Dans ce contexte réducteur, le cinéaste belge Boris Lehman apparaît comme un dinosaure du septième art.
Marcel Leiser
Tout ce que je vois est sans origine. Et pourtant c'est l'origine que je cherche. L'origine, comme l'instant, comme tout ce qui est maintenant sous mes yeux, tout cela est hors d'atteinte, tout cela je le sens, est trop loin. Invisible.
Jean-Marie Gleize ( Léman)
À LA RECHERCHE DU LIEU DE MA NAISSANCE
Le réalisateur Boris Lehman retourne à Lausanne où il est né, à la fin de la guerre, Ie 3 mars 1944. Il y revient 44 ans plus tard. Il n'y a vécu quune année.
Ses parents, parce que juifs, avaient fui la Pologne dès lavènement du nazisme et sétaient réfugiés en Belgique. Ils durent senfuir encore une fois pendant loccupation allemande, et traverser clandestinement la France pour atteindre la Suisse, pays neutre. Boris Lehman n'a aucun souvenir de cela. Ses parents sont morts, les témoins ont disparu.
Muni seulement de quelques documents et photographies trouvés au fond d'une caisse aux souvenirs, il déambule dans Lausanne, cherchant par-ci par-là quelques traces de son passage, de son histoire, en rassemblant en quelque sorte les preuves de son existence.
Mais la ville se tait et reste étrangère au réalisateur.
Des rencontres naissent des histoires, qui amènent irrésistiblement le réalisateur à évoquer, de près ou de loin le thème de sa naissance, liée indissolublement au Lac, qui porte, à une lettre près, son nom.
REMONTER LE TEMPS
Fils dune famille polonaise , émigrée, puis errante, en Europe, Boris Lehman est né pendant la guerre à Lausanne où ses parents s étaient refugiés, en transit. Plus de quarante ans après,devenu cinéaste à Bruxelles, porteur de quelques souvenirs (photos, lettres), il revient explorer des lieux, des registres, des journaux d' époque, des bobines du Ciné-Journal. Obsédé par la nécessité de savoir sil pourra tirer dune maison, d'un vieux témoin, de la synagogue, du cimetière juif, dune image effacée, les racines de son identité.
Litinéraire que dessine son film. conçu comme une machine à remonter le temps, relie de profondes émotions au travers desquelles se révèlent, insolites, proches, lointaines, oppressantes, la Suisse et Lausanne. Le documentaire initial explose alors dans une tragique fiction: un acte de transfiguration salutaire!
Freddy Buache
De tous les juifs occidentaux,je suis autant que je sache, le plus typique,c est-à-dire, en exagérant, que je nai pas de seconde paix, que rien ne mest donné, quil me faut tout acquérir, non seulement le présent et lavenir, mais encore le passé, cette chose que tout homme reçoit gratuitement en partage : cela aussi je dois lacquérir, cest peut-être la plus dure besogne.
Kafka ( Lettre à Miléna)
Notre naissance est perpétuelle.
Paul Eluard
Cette « étrange froideur », n'aurait-elle pas ses origines, à supposer qu'elle existe, justement dans le « non-lieu de ta naissance »? Non seulement tu es juif errant, mais en plus tu ne connais même pas ton lieu de naissance, enfin, tu sais où tu es né, mais tu ne sais pas ce que ça signifie, donc tu nes peut-être même pas sûr d exister.
Lobjet de ton travail se situe peut-être là: comme moi, mais d'une toute autre manière, tu chercnes à travers le cinéma, à rassembler les preuves de ton existence.
Richard Dindo
Notre vie est un voyage.
Dans l'hiver et dans la Nuit
Nous cherchons notre passage
Dans le ciel où rien ne luit.
Chanson des Gardes Suisses / 1793
«À la recherche du lieu de ma naissance est bel et bien avant tout une recherche, un essai cinématographique sur l'origine. Naître en mars 1944 nétait sans doute pas le moment le mieux choisi pour un enfant juif d'Europe. Lausanne (sur le lac Léman), où a réussi à se réfugier la famille Lehman, la préservé de la traque et des bombes. Mais, aujourd'hui, que reste-t-il comme signes et souvenirs au cinéaste pour en tisser le récit?
A la morbide sécheresse du registre de l'Etat civil qui acte la vie répondent les albums silencieux des photos de famille. Il n'y a pas à suffisance matière introspective, la recherche se heurte au vide que seules quelques réminiscences vont peupler.
La ville devient un décor dont on ne sait si les combinaisons topographiques relèvent du passé ou se créent à mesure que le cinéaste produit du présent en cheminant par les rues. Comme apeuré et dérouté par labsence d'un centre solide, le film court en tous sens. Plutôt que de céder à la tentation d'accéder à une matière ferme et compacte, il se laisse conduire par une magie poétique qui mélange les genres suscités par la direction du regard. Les rares souvenirs, anecdotes d'une biographie particulière, sont traités par fiction. Retourner est bien alors tourner le retour des images et les donner à jouer à des comédiens. La matière est trop tenue? La fiction s'interrompt pour se jouer d'elle-même. Ces souvenirs-éclairs émaillent le film comme autant de fulgurances de la mémoire qu'il s'agit d'attraper sans pour autant pouvoir les stabiliser et donner corps à un récit continu.
De ce côté-là, il y a trop de lacunes, trop de mutisme pour que l'identité puisse s'asseoir confortablement.
Dès lors, la biographie s'installe dans le général et inscrit son déroulement dans les passages et les rites, à la fois comme origine de l'origine (les scansions familiales) ou comme miroir d'auto-engendrement. Le film se fait documentaire. Mariage à la synagogue, naissance, circoncision, allaitement, bar-mitzwah, vieillesse dans un hôme: le particulier appartient à l'espèce, le culturel au groupe juif. Il n'y a là ni début ni fin mais un cercle où le passé revient.
À mi-chemin entre le rite et l'intime, les archives et l'histoire, Lehman se montre volontiers acerbe et ironique pour une Suisse qui ne fut pas au-dessus de tout soupçon à l'égard des pourchassés et qui ne supporte toujours pas que les feuilles d'automne tachent les allées d'un parc.
Le film se clôt par une parabole qui pourrait constituer en soi un court-métrage. Du haut de la ville, un ermite quitte sa grotte et descend jusqu'au lac à reculons. En chemin, il rencontre un enfant qu'il prend par la main.
L'enfance et l'âge adulte, au présent passé, semblent se rejoindre, réconciliés et sereins l'un pour l'autre, au bout de ce trajet autobiographique. Tout en bas de la ville, deviné, le lac, lieu d'immersion définitif que la parabole n'accomplit pas.
Gérard Preszow
LOOKING FOR MY BIRTHPLACE
Film director Boris Lehman returns to Lausanne ,where he was born on 3 March 1944, at the end of the war. He is returning after 44 years. He had lived in Lausanne just one year. His parents were Jews who had sought refuge in Belgium when the Nazis seized power in Poland. Forced to flee from Belgium during the German occupation,they had reached neutral Switzerland after a clandestine journey across France. Boris Lehman remembers nothing of all this.His parents are dead,all witnesses have disappeared. Armed only with a few documents and photographs found in a cardboard box, he wanders through Lausanne, searching here and there for some signs that would evoke his presence, his early life, gathering as it were the evidence of his very existence.But the city remains silent and remote.Meetings will induce stories, irresistibly leading Boris to deal directly or indirectly with the subject of his birth, indissolubily linked with the Lake whose French name Léman is so like his own.
AUF DEN SPUREN MEINER GEBURT
Der Regissseur Boris Lehman kehrt nach Lausanne zurück. Dort wurde er, kurz nach Kriegsende, am 3. März 1944 geberen. Inzwischen sind 44 Jahre vergangen. In Lausanne hat er nur ein Jahr gelebt.
Als der Nazismus aufstieg, mussten seine iudischen Eltern aus Polen fliehen. Sie fanden Asylium in Belgien. Wahrend der deutschen Besatsung flohen sie wieder; sie kamen klandestin durch Frankreich, bis in die Schweiz, ein neutrales Gebiet.
Boris Lehman erinnert sich an nichts mehr. Seine Eltern sind gestorben, und alle Zeugen sind verschwunden. Alles was ihm noch bleibt sind einige Unterlagen und Photographien, die er in einer alten Kiste gefunden hat. Mit diespn Papieren in der Tasche schlendert er durch Lausanne und versucht hier und da, einige Spuren seiner Herkunft und Vergangenheit zu finden. Er sucht eigentlich nach dem Beweis seiner Existenz. Aber die Stadt schweigt und bleibt ihm fremd.
Aus den Begegnungen die er macht entspringen Geschichten. Diese führer den Regisseur unwiderstehlich dazu, das Thema seiner Geburt zu erwähnen. Seine Geburt ist eng mit dem schweizer See verbunden, ein See der ja fast genau wie sein Name buchstabiert wird.
EXTRAIT DU FILM
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